Le permis de conduire a t-il toujours la côte en 2021 ?

23 juillet 2021 10:52

Passer le permis de conduire n'est plus une priorité pour de plus en plus de jeunes en France.
Le permis de conduire, ce passeport pour la liberté ! Même si le nombre de jeunes passant le permis B est en légère diminution depuis quelques années, la voiture truste toujours le haut du podium. Avec la crise sanitaire liée au Covid-19 en 2020, elle est de plus en plus privilégiée, au détriment des transports en commun. En effet, l’une des nombreuses solutions pour éviter la propagation du virus passe par l’utilisation d’un moyen de locomotion individuel. Le permis de conduire reste donc toujours ce précieux sésame pour des milliers de jeunes en quête de liberté professionnelle comme personnelle.

Le permis de conduire oui... mais à certaines conditions en 2021

Les temps changent en matière de permis de conduire. Si par le passé les jeunes étaient pressés d’obtenir le fameux papier rose dès l’âge de 18 ans, aujourd’hui il en est tout autre. L’évolution de la société et des mœurs en sont les causes principales.

Les raisons de la baisse du nombre d’inscrits en auto-école 

En 2017, on dénombrait 990 443 élèves inscrits à l’examen de permis de conduire contre 981 568 en 2019. Cette baisse serait-elle due à un manque d’intérêt pour le permis de conduire ou à des jeunes démotivés par les prix élevés du permis ou encore, à une conscience écologique de plus en plus exacerbée ?

Bruno Garancher, Président de l’ECF (Ecole de Conduite Française) apporte son analyse et son éclairage sur le marché de la formation à la conduite en s’appuyant sur la dernière étude Xerfi. Selon lui, plusieurs facteurs seraient à l’origine de cette légère baisse. Tout d’abord, les jeunes ne font plus de l'obtention du permis de conduire leur priorité numéro 1. Ils repoussent de plusieurs années l’âge du passage du permis. Ainsi, le permis de conduire passe souvent bien après les études, retrouvant un regain d’intérêt au moment de chercher son premier emploi ou peu avant l’arrivée du premier enfant. Bruno Garancher souligne que cette tendance est particulièrement marquée dans les grands centres urbains qui offrent un réseau de transport en commun performant et très développé (métro, bus, vélo), associé à de nouvelles formes de mobilité (trottinette, co-voiturage etc.). 

Autre explication avancée, l’aspect financier. En effet, on constate que la grande majorité des jeunes financent eux-même leur permis de conduire. Plutôt que de tésoriser pour le permis, sans compter les dépenses qui y sont attachées suite à son obtention (achat d’un véhicule, essence, assurance, entretien etc.), ils préfèrent privilégier d’autres postes de dépenses moins coûteux et tout aussi utiles pour leurs études et loisirs comme : les équipements technologiques (ordinateur, tablette, téléphone portable...) et les abonnements numériques. 

Un taux de réussite au permis B et BE en chute 

L’examen théorique 

En 2017, le taux de réussite à l’examen théorique était de 66% passant à seulement 50.5% (toute présentation confondue) en 2019. La cause de cette chute sévère ? Pour Bruno Garancher, il ne fait aucun doute que les plateformes d’examinateurs privés (La Poste…) sont en cause et d’ajouter : “En ayant laissé croire aux futurs conducteurs que l’apprentissage théorique pouvait se résumer à un bachotage de questions d’examen sur Internet, et en le laissant choisir lui-même sa date de passage à l’examen, le jeune candidat est bien souvent insuffisamment préparé. Résultat des courses ? Les économies qu’il croit faire en se contentant d’acheter des applications de révision sont largement grignotées par le nombre de redevance à 30€ qu’il paye pour finalement réussir son épreuve.” 

L’examen pratique 

Le taux de réussite à l’examen pratique du permis est en revanche en nette augmentation depuis ces deux dernières années. En 2017, il était de 57.9% grimpant à 59.8% en 2019 (toute présentation confondue). 

A Bruno Garancher de souligner que “le taux de réussite global continue de grimper malgré les candidats libres qui tirent vers le bas le taux de réussite global.” En effet, 2.7% des candidats libres ont un taux de réussite de 44% à l’examen pratique. La faute à un manque de préparation de ces candidats. Seuls à décider de leur date de passage à l’examen, ils ne réalisent pas qu’ils n’ont pas suffisamment d’heures de conduite pour réussir, d’où ce fort taux d’échec. Vient s’ajouter à cela “les délais d’inscription à l’examen qui sont de plus en plus longs, faisant perdre de la pratique aux élèves, diminuant ainsi leur chance de réussir”. 

Et, le Covid-19 n’a pas arrangé les choses. En effet, après des mois d’arrêt en 2020 liés aux confinements, des centaines de milliers de candidats (environ 350 000) ont attendu plus longuement qu’à l’accoutumée de (re)passer leurs épreuves. Même si le ministère de l’intérieur a promis que les candidats dont le passage à l’examen pratique avait été ajourné suite au confinement seraient prioritaires, les retards n'ont cessé de s'accumuler. Le protocole sanitaire devant être scrupuleusement respecté (désinfection de l'intérieur du véhicule et aération après chaque passage, installation d’une housse de siège etc.), cela a rallongé d’autant plus les délais d’attente. 

Les moniteurs indépendants pour se perfectionner

Déjà inscrits en auto-école ou non, les candidats en attente de passer leur examen de conduite mais frileux à la simple idée d’effectuer certaines manœuvres (créneau, marche-arrière, démarrage en côte…) ou désireux de se perfectionner ou encore, déterminés à ne pas perdre leurs acquis, peuvent se tourner vers des moniteurs indépendants. Aussi appelés enseignants de la conduite, les avantages de recourir à ces professionnels de la conduite sont nombreux.

Tout comme dans une auto-école classique, les moniteurs indépendants sont tenus de disposer d’un véhicule à double commande (parfaitement entretenu) pour dispenser les cours de conduite. Il est obligatoire d’être diplômé d’Etat du titre professionnel d’Enseignant de la conduite et de la sécurité routière (ECSR) et, d’avoir exercé au minimum 3 ans en tant que moniteur d’auto-école dans un centre agréé en tant que salarié. Et enfin, tout moniteur indépendant doit posséder un statut d’entrepreneur (auto-entrepreneur, EURL, SARL).

La flexibilité est aussi de mise avec ces professionnels de l’enseignement à la conduite. En effet, pour des raisons pratiques ou d’emploi du temps serré, le moniteur indépendant peut vous récupérer à l’endroit désiré ainsi qu’aux horaires et jours qui vous conviennent  (soir et week-end notamment). Mais aussi, contrairement aux auto-écoles qui imposent un forfait de formation, les moniteurs indépendants n’en proposent pas. En effet, vous êtes libres de prendre des heures de leçons de conduite en fonction de votre planning et du budget que vous vous êtes fixé. 

Le prix du permis en France est-il exhorbitant ? 

Quoi qu'il en soit, le permis de conduire est incontournable. C’est un passage (quasi) obligatoire même s’il est de nos jours repoussé de quelques années. Le prix ne doit pas pouvoir représenter un frein à le passer. En effet, nombre de personnes se plaignent dans notre hexagone des tarifs de plus en plus élevés pratiqués par les auto-écoles. La situation est toutefois un peu plus nuancée. 

 La France : pas la plus mauvaise élève...

Le prix du permis de conduire en France n’est pas le plus cher d’Europe. Il se situe dans la moyenne. Ainsi, aux Pays-Bas, il est de l’ordre de 2050€, en Allemagne de 2000€, en France de 1800€, en Espagne de 1300€ et au Royaume-Unis de 1500€. De plus, le prix du permis est resté relativement stable puisqu’il suit les prix à la consommation, tient à préciser Bruno Garancher.

Toutefois, le permis de conduire a un coût et, tout le monde n’a pas les moyens de débourser une telle somme. Surtout qu’en cas d’échec (40% des candidats échouent la première fois à l’épreuve pratique), les prix montent en flèche. En attendant de repasser l’épreuve pratique, les auto-écoles conseillent en général de prendre des heures de conduite (en moyenne 10h soit entre 300€ à 500€ supplémentaires). La facture peut vite monter et beaucoup ne peuvent plus suivre, ce qui pousse certains à abandonner faute de ressources financières suffisantes. 

Les aides au permis pour faciliter l’accès à l’emploi

Pour celles et ceux qui n’ont pas ou plus les fonds pour financer leur permis, des aides proposées par Pôle Emploi et d’autres organismes ont été mises en place. En effet, que l’on soit en ville ou à la campagne, la mobilité professionnelle est souvent exigée. Ainsi, le permis de conduire s’avère indispensable pour pouvoir prétendre à occuper un poste. 

Le financement de son permis de conduire par Pôle Emploi 

Depuis de nombreuses années, Pôle Emploi participe au financement du permis de conduire des demandeurs d’emploi afin de les aider à trouver plus facilement un emploi et les (ré)insérer dans le marché du travail dans les meilleures conditions.

Pour bénéficier de l’aide au permis de conduire, il est impératif d'être inscrit dans une agence Pôle Emploi au moins 6 mois de manière continue tout en étant disponible pour occuper un emploi, être majeur, ou encore ne pas être ou ne plus être titulaire du permis de conduire B.

Retrouvez l’ensemble des conditions sur le site de Pôle Emploi.

Le montant de l’aide au permis de conduire alloué par Pôle Emploi est de 1200€ maximum, et ne peut être attribué qu’une seule fois par demandeur d’emploi. Cette aide est versée en 3 fois directement à l’auto-école que vous aurez choisie et qui aura été approuvée par Pôle Emploi. 

Les autres aides au permis existantes 

En cas d'inéligibilité aux aides au permis de conduire de Pôle Emploi, il est possible de bénéficier de d’autres types d’aides mises en place par l’Etat comme “le permis à 1€ par jour", le département ou la région. Mais aussi, trop souvent oublié ou méconnu, le CPF (Compte Personnel de Formation) permet de financer l’ensemble du permis de conduire (code et leçons de conduite). 

Pour en savoir plus sur ces aides, renseignez-vous auprès du Conseil régional ou départemental dont vous dépendez ainsi que sur le site gouvernemental de la sécurité routière

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